L’histoire de Rita
Je m’appelle Rita, je suis née le 15 mars 2010 à Alep en Syrie.
Mes parents me parlaient avec amour de leur enfance en Syrie. En grandissant, j’ai vu ce pays devenir un lieu de conflits et de souffrances.
La guerre a tout changé : elle a pris des vies, détruit des familles.
Au-delà de la guerre, ce sont les épreuves au sein de ma propre famille qui m’ont profondément marquée.
Je vis avec ma mère et mon frère. La séparation de mes parents a laissé un vide immense dans notre maison. Quand mes amis parlent de leurs pères, je me demande souvent :
« Pourquoi ma famille n’est-elle pas comme la leur ? » Pourquoi je n’ai pas la chance de grandir avec l’amour et la protection d’un père qui veille sur moi ?”.
Il y a des jours où je suis envahie par un sentiment d’injustice. J’imagine parfois ce que ma vie aurait pu être si mes parents étaient restés ensemble, si mon père avait été différent. l Il était souvent dur avec nous, ne respectait pas ma mère, la maltraitait, et son mauvais comportement nous a fait énormément souffrir.
Depuis qu’il est parti, ma mère a pris tout le poids de notre famille sur ses épaules. Elle travaille dur, très dur, pour nous assurer une vie décente. Mais cela signifie aussi qu’elle a peu de temps pour nous. Je sais qu’elle fait tout son possible pour nous, mais je me sens seule.
Parfois, je me dis que ce serait plus simple si j’abandonnais l’école pour la soulager un peu.
Un jour que j’étais sur le point de prendre cette décision, mes enseignants ont joué un rôle crucial. J’avais perdu toute motivation, je ne voyais plus l’intérêt de continuer mes études. Ils m’ont parlé de l’importance de l’éducation et m’ont encouragée à ne pas me laisser définir par les difficultés de la vie. Leur patience, leur bienveillance et leur soutien ont marqué un véritable tournant pour moi.
Petit à petit, j’ai repris confiance en moi. J’ai retrouvé le goût des études, je me suis fixé un nouvel objectif : prouver que, malgré tout, je pouvais réussir. C’était un chemin difficile, jonché de doutes. A chaque fois que j’avais envie de tout laisser tomber. Je me souvenais de mes enseignants, de ma mère, de tout ce qu’elle sacrifiait pour nous. Je devais me battre, pour elle, pour mon frère, mais aussi pour moi-même.
Cette année, mes efforts ont enfin porté leurs fruits. J’ai réussi à obtenir une note de 75 % à mon certificat de neuvième année, et pour moi, c’est bien plus qu’un simple chiffre. C’est une victoire, le signe que je suis capable de surmonter les défis, non seulement à l’école, mais aussi dans ma vie personnelle. Ce certificat représente ma résilience, ma capacité à ne pas me laisser abattre par les épreuves.
Même si la vie reste difficile, même si le poids des responsabilités est toujours là, je garde espoir. Je continue de rêver d’un avenir meilleur, où ma mère n’aura plus à travailler autant, où mon frère et moi pourrons vivre dans une maison pleine de rires et de sérénité.
Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais je sais une chose : je me battrai, encore et encore, pour me construire un avenir digne de tout ce que j’ai traversé.
Histoire de Rita illustrée par Sanaga
Soutenir l’enfance au Proche-Orient