L’histoire de amal
Je m’appelle Amal.
Je suis née le 23 avril 2016 au Liban, mais mes racines sont en Syrie, un pays que je n’ai jamais vraiment connu. Mes parents ont fui la guerre dévastatrice qui a ravagé notre pays, cherchant désespérément un endroit sûr pour nous. Ils ont quitté leur maison, leurs souvenirs, et tout ce qu’ils avaient construit en Syrie pour trouver refuge dans la Plaine de la Bekaa, au Liban. Mon père avait réussi à décrocher un travail et à nous offrir un toit, et pendant quelques années, nous avons vécu une vie relativement stable.
Mes premiers souvenirs sont empreints d’amour et de sécurité. Mon père et ma mère faisaient tout pour que je me sente bien, entourée de ma famille. J’allais à l’école près de chez nous, où j’étais une élève studieuse, toujours attentive en classe. J’aimais apprendre, et je pouvais compter sur mes parents pour m’encourager. Ils étaient fiers de mes bons résultats et me disaient souvent que l’éducation était la clé pour un avenir meilleur. Mon petit frère, plus jeune que moi, me suivait partout, et nous étions inséparables. Nous étions une famille unie, malgré les difficultés qui nous entouraient.
La situation économique de ma famille s’est détériorée. Mon père a commencé à perdre des contrats et à ne plus trouver de travail régulier. Nous avons réduit nos dépenses, il n’y avait plus assez d’argent pour payer le loyer de notre maison. Mes parents angoissaient de ne pouvoir subvenir à nos besoins et un jour, la décision a été prise de quitter notre maison pour aller vivre dans un camp de réfugiés. Ce fut l’un des moments les plus difficiles de ma jeune vie.
Le passage de notre maison à ce camp fut un choc. Je me souviens du jour où nous avons dû partir, en emportant seulement quelques affaires. J’ai vu ma mère pleurer en silence, et mon père essayer de rester fort pour nous.
La joie que je ressentais autrefois a commencé à disparaître. Chaque jour, je me levais le cœur lourd, je me suis mise à parler de moins en moins, à rester dans mon coin, envahie par des pensées noires. Je repensais sans cesse à notre ancienne maison, à mes amis que j’avais dû quitter, et à cette vie que nous avions perdue. La nuit, je pleurais en silence sous ma couverture, priant pour que tout redevienne comme avant.
Le seul réconfort que j’avais, c’était ma mère. Mon petit frère et moi nous sommes accrochés à elle, comme si elle était la seule chose qui pouvait encore nous donner de l’espoir. Mais je voyais aussi combien cette situation était difficile pour elle. Le poids de la survie reposait sur ses épaules, et cela l’épuisait.
Dans le camp, j’ai dû grandir bien vite. J’ai pris des responsabilités que je n’aurais jamais imaginé avoir. Je m’occupe beaucoup de mon petit frère. Je m’assure qu’il mange, qu’il va bien, et je fais de mon mieux pour lui faire oublier la dure réalité qui nous entoure.
Mon amour pour l’école ne m’a jamais quitté. Même dans ces conditions difficiles, je continue à aller à l’école dans le camp. C’est mon refuge, l’endroit où je peux me plonger dans les livres et oublier le monde autour de moi. J’aime particulièrement l’arabe, ma langue, celle que j’entends depuis toujours dans ma famille. J’ai découvert que je rêvais de devenir professeur d’arabe, d’enseigner cette langue que j’aime tant aux autres enfants. Ce rêve qui me tient à cœur m’aide à garder espoir.
Plus que tout, je veux quitter ce camp avec mes parents et mon frère. J’imagine souvent un avenir où nous vivrions à nouveau dans une vraie maison, loin des tentes et des files d’attente pour la nourriture.
Chaque jour, je m’accroche à ces rêves. Mes enseignants et les bénévoles du camp m’encouragent, ils me disent que je suis forte, et qu’un jour je pourrai accomplir ce que je désire. Cela me donne la force de continuer, même quand tout semble sombre. Un jour, j’en suis certaine, nous vivrons tous les quatre, ma famille et moi, dans un endroit où nous serons enfin en paix.
Histoire d’Amal illustrée par Brice Masson –Ceb C’est Bien
Soutenir l’enfance au Proche-Orient