L’histoire de arwa
Je m’appelle Arwa.
Je suis née le 1er janvier 2012 à Raqaa en Syrie. Depuis que je suis toute petite, ma vie a été marquée par la guerre. Mon enfance a été volée par les conflits qui ont ravagé mon pays, et à seulement treize ans, j’ai vécu plus d’horreurs que beaucoup d’adultes.
Aujourd’hui, je vis avec ma mère, mes frères et sœurs dans le camp de Jebjanen, au Liban. Nous avons fui notre maison, laissant derrière nous nos souvenirs, nos amis, et tout ce que nous avions.
Je me souviens encore de la maison que nous avons dû abandonner. C’était un lieu modeste, mais il représentait tout pour nous. Les bruits des bombardements et les cris des gens dans la rue m’ont longtemps hantée, mais nous avons réussi à fuir. Nous avons tout quitté pour une vie incertaine, mais au moins nous étions ensemble.
La vie dans le camp est loin d’être facile. Ma mère travaille dans une usine locale pour subvenir à nos besoins. Malgré ses efforts, c’est loin d’être suffisant pour nourrir et habiller toute la famille. Elle revient souvent épuisée, avec des cernes sous les yeux, mais elle ne se plaint jamais. C’est pour elle que je me lève chaque matin avec la détermination de l’aider du mieux que je peux.
En voyant ses sacrifices, j’ai décidé de prendre ma part de responsabilités. Ce n’est pas le genre de travail qu’une fille de treize ans devrait faire.
Je plante, je récolte, je transporte des sacs lourds de légumes et de fruits, sous le soleil brûlant ou sous la pluie, peu importe. Mon dos me fait souvent mal et mes mains sont rugueuses. Ce travail est dur, mais il me donne un sentiment de fierté. J’aime savoir que je peux alléger un peu le fardeau de ma mère en lui donnant chaque soir l’argent que j’ai gagné. Je sais que chaque effort compte, chaque centime gagné peut faire la différence entre manger ou se coucher le ventre vide.
Le fermier pour qui je travaille me dit souvent qu’il admire mon courage et ma résilience. Il raconte parfois aux autres comment, à mon âge, je suis capable de porter des responsabilités bien plus lourdes que celles de certains adultes. Ses mots me donnent du courage, mais me rappellent aussi combien ma vie a changé. Ce n’est pas le destin que j’aurais choisi, mais je suis déterminée à ne pas me laisser abattre.
Malgré la fatigue, je n’abandonne pas mes études : c’est l’éducation qui me permettra de sortir ma famille de cette situation. Alors, après une longue journée de travail, même lorsque mes yeux se ferment de fatigue, je m’assieds pour réviser mes leçons. Parfois, je m’endors sur mes cahiers, mais je me réveille toujours avec la même volonté : celle de réussir.
Mon rêve, celui qui me fait tenir chaque jour, est de devenir ingénieur. Je veux reconstruire ce que la guerre a détruit. Je rêve de pouvoir, un jour, retourner en Syrie et aider à rebâtir notre pays, pierre par pierre. Je veux être celle qui rendra à ma famille la vie digne et paisible qu’elle mérite. Je rêve de vivre dans une maison, une vraie maison avec des murs solides, un toit qui nous protège, et surtout, la sécurité et la paix.
Chaque jour est une lutte, mais je m’accroche à l’espoir que demain sera meilleur. Un jour, je vivrai dans un endroit où je n’aurai plus à travailler dans les champs pour survivre, où ma mère n’aura plus à se tuer à la tâche, et où mes frères et sœurs pourront grandir en sécurité, entourés d’amour et en sécurité.
Histoire d’Arwa illustrée par David Lozano
Soutenir l’enfance au Proche-Orient