L’histoire de deep
Je m’appelle deep, je suis née le 15 mars 2010 à Alep en Syrie.
Je m’appelle Deep.
Je suis né le 19 mai 2012 à Alep en Syrie. Quand je suis venu au monde, Alep était encore une ville animée, pleine de vie, de couleurs et de bruits. Mes premiers souvenirs sont ceux d’une enfance heureuse, entouré de mes parents qui m’aimaient profondément. Ils étaient mes héros, des figures inébranlables, et moi, j’étais rempli de rêves. Je voulais devenir un grand explorateur, un astronaute, ou même un inventeur.
À l’époque, tout semblait possible.
En 2014, la guerre a frappé notre ville avec une violence inimaginable. Les rues que j’avais connues joyeuses sont devenues des lieux de peur. Le ciel, autrefois bleu et infini, s’est assombri, est devenu menaçant. Un an plus tard, notre vie entière a basculé. Mon père a été tué dans un bombardement, et ce jour-là, quelque chose s’est brisé en moi. C’est comme si tout le bonheur que nous avions connu s’était évaporé en un instant. Sa mort a laissé un vide immense, une douleur que les mots ne peuvent décrire.
Notre maison, autrefois pleine de rires, est devenue un lieu de silence et de larmes. Le fauteuil où mon père s’asseyait pour nous raconter des histoires est resté vide. La vie est devenue dure. Ma mère a dû trouver du travail comme couturière pour nous permettre de survivre. Chaque jour, elle s’asseyait devant sa machine à coudre, ses mains tremblantes de fatigue. Elle a été ma force, mon soutien. Même dans ses moments de faiblesse, elle trouvait toujours un moyen de me réconforter, de me donner un peu d’espoir.
Nous avons dû déménager dans un autre quartier, celui de Midane où nous vivons maintenant, dans des conditions précaires. Malgré tout, ma mère fait de son mieux pour que je continue à aller à l’école et que je poursuive mes rêves. Elle se bat tous les jours pour que j’ai une éducation. Même lorsque l’argent manque pour acheter de la nourriture, elle s’arrange toujours pour que j’aie de quoi étudier. Ses sacrifices sont nombreux, je les vois, et cela me pousse à étudier encore plus dur.
« Je veux devenir médecin pour que mon père soit fier de moi », je me le répète tous les jours quand je franchis les portes du centre de soutien scolaire. Mes enseignants sont fiers, ils m’encouragent. Chaque fois qu’un professeur me félicite, je ferme les yeux un instant et j’imagine mon père à mes côtés, souriant, fier de ce que je suis en train d’accomplir.
Dans chaque livre de biologie que je lis, dans chaque exercice que je réussis, je vois un pas de plus vers ce futur que je construis, pas à pas, jour après jour. Je ne sais pas encore comment le monde sera demain, mais je sais que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour transformer la douleur en force, pour que les sacrifices de ma mère ne soient pas vains, et pour que, là où il est, mon père puisse sourire, sachant que son fils continue de se battre pour un avenir meilleur.
Histoire de Deep illustrée par Sixtine Ros
Soutenir l’enfance au Proche-Orient