L’histoire de nasser
Je m’appelle Nasser.
Je suis né le 1er octobre 2010 à Raqqa, en Syrie.
Mon enfance, qui aurait dû être pleine de jeux et de découvertes, a été marquée par les événements tragiques de la guerre. Les souvenirs de ma ville natale sont mêlés de sons d’explosions, de visions de destruction et de peur. La guerre a tout bouleversé autour de moi, laissant ma famille et moi dans une incertitude totale.
Aujourd’hui, je vis au Liban dans un camp de réfugiés situé à la Bekaa. Cet exil loin de chez moi a été un véritable choc. Passer d’une vie, même en temps de guerre, dans notre propre maison, à la vie dans un camp, a été difficile à accepter. Le camp est un endroit où le confort est rare et où chaque jour est une lutte pour répondre à des besoins de base. Je réfléchis souvent à ce que signifie être déplacé, à ce que la guerre a coûté à ma famille. Les souvenirs de mon enfance en Syrie sont toujours présents, et je me demande souvent ce que serait ma vie si tout cela n’était jamais arrivé.
Le plus grand choc de ma vie a été la perte de mon frère aîné. Il était mon modèle. Sa mort a brisé quelque chose en moi et la douleur que je ressens est encore vive. Ce drame a aussi brisé ma famille, mais aucun de nous n’a vraiment eu le temps de pleurer sa disparition correctement, car peu de temps après, ma mère est tombée gravement malade. Elle a dû retourner en Syrie pour se faire soigner, me laissant m’occuper de mes trois frères et de ma sœur. En tant qu’aîné, j’ai dû apprendre à jongler entre mes études et les soins à apporter à ma famille, ce qui n’est pas facile tous les jours. Mais je n’ai pas eu le choix.
Malgré tout cela, je suis déterminé à réussir à l’école. Chaque jour, après avoir pris soin de mes frères et sœurs, je m’assois pour étudier, même si la fatigue se fait souvent sentir. Je suis motivé par l’idée que c’est le seul moyen de sortir ma famille de cette situation.
Grâce à l’aide de l’équipe de l’Unité Mobile Éducative, un programme qui apporte de l’éducation directement dans les camps, j’ai pu apprendre plein de nouvelles choses. Cela m’a beaucoup aidé, non seulement pour mes études, mais aussi pour reprendre confiance en moi.
Leur soutien a été crucial pour moi, m’offrant un espoir et des outils pour construire un avenir.
Mon plus grand rêve est de devenir médecin. Je veux réussir mes études pour pouvoir soigner les gens, surtout ceux qui, comme ma mère, ont besoin d’aide. Voir ma mère souffrir sans pouvoir l’aider m’a profondément marqué. Je pourrai offrir des soins médicaux à ceux qui en ont besoin, en particulier dans des endroits comme le camp où je vis.
Pour moi, la famille est ce qu’il y a de plus important. Chaque jour, je pense à un avenir où nous pourrions être réunis, vivre en paix, loin des horreurs de la guerre. Je veux redonner à ma famille la vie digne qu’elle mérite, et offrir à mes frères et sœurs un avenir meilleur.
Histoire de Nasser illustrée par Bruno Gunst
Soutenir l’enfance au Proche-Orient